Conférence du Père Francisco de Assis Motta de Sousa

Parler de !’Eucharistie, c’est parler de toute la vie de Jésus, parce qu’il s’est fait nourriture pour ses frères et soeurs, nourriture du Salut pour l’humanité ! Il a nourri ses frères et soeurs avec des paroles : « Toi seul as les paroles de la vie éternelle ». Il a nourri ses frères et soeurs par des actes et des attitudes.

Jésus a rencontré un jour une femme cananéenne de grande foi, comme nous le rappelle l’évangéliste Matthieu, qui décrit bien cette rencontre !Mt 15,27).

Être nourriture, c’est être avec l’autre, être pour l’autre. Lévi, c’est-à-dire Matthieu, a fa it l’expérience de la grâce de cette rencontre profonde avec Jésus. Lévi a tout quitté et est devenu Matthieu, c’est-àdire celui qui se nourrit de Jésus, qui est transformé en son for intérieur et qui commence à porter le
fruit éthique d’une vie nouvelle.

C’est pourquoi je veux vous parler de manière affective, parce que je crois que les affections nourrissent notre intérieur ; je veux vous parler de manière enracinée dans la Bible, parce que je crois qu’en écoutant et en vivant la Parole, nous pouvons nourrir notre spiritualité. C’est une pratique qui découle de l’autre: écouter et méditer pour pratiquer ; c’est ainsi que les Équipes Notre-Dame nous enseignent, c’est ainsi que le Père Caffarel nous a enseignés et guidés.

Aujourd’hui, cela fait 1 5 ans que je suis dans le ministère ; 15 ans de mains jointes et consacrées.

Regarder en arrière et voir ce que Dieu fait à travers mes mains dans le monde est une grande grâce.

Cela m’émeut ! Je ne suis pas digne, Seigneur, que tu entres en moi et que tu fasses les oeuvres que tu fais ; je peux répéter : « Je ne suis pas digne que tu entres dans ma demeure, mais dis une parole et je serai sauvé ! Le ministère sacerdotal n’est pas un privilège, c’est une Grâce divine, c’est une action de la Grâce de Dieu ; Il nous appelle et agit en nous et à travers notre service ministériel.

Chaque jour, dans ma prière personnelle, je renouvelle cet appel : il m’a appelé à être ce signe de sa grâce et de son amour ; il m’a appelé, avec mes fragilités, à être un témoin et un signe opérant de son amour, à être une offrande de vie pour lui et pour la communauté, pour l’Église.

Il nous appelle à être des hommes et des femmes eucharistiques, c’est -à-dire capables de vivre ensemble comme des frères et des soeurs et de servir en équipe, en communauté. Je ne peux pas donner ce témoignage sans me souvenir de mes frères équipiers, de mes équipes de base : NotreDame de Guia et Notre-Dame des M iracles ; avec les équipiers, nous nous nourrissons de la Parole de Dieu, de !’Eucharistie et nous nous nourrissons les uns les autres pour préserver l’unité de cette petite et forte Ecclesia.

J’ai connù le Mouvement des Équipes Notre-Dame lorsque j’étais encore séminariste à Recife, et j’ai été accueilli par une équipe comme accompagnateur spirituel, alors que j’étais encore un adolescent dans la foi ; je faisais mes premiers pas dans la Vie et la Grâce, et aujourd’hui je peux dire que cette première équipe a été le foyer et la famille que Jésus a préparés pour que ma vocation puisse grandir et se développer ; c’était comme la maison de Nazareth, dans l’équipe Notre-Dame de Penha, l’équipe numéro 1 2, maintenant numéro 5, du Secteur A à Jaboatâo dos Guararapes, en 2004.

Je ne peux donc qu’être reconnaissant pour l’apport que j’ai reçu au cours de toutes ces années de partage et de fraternité. Les Équipes Notre-Dame sont une école de communion, d’eucharistie et de vie : elles sont un chemin de sainteté.

Cela fait 15 ans de vie ministérielle, de mains consacrées pour consacrer, de mains ointes pour nourrir les frères et être nourris du corps du Christ. Se nourrir n’est pas une tâche facile, cela exige de nous humilité et abnégation.

L’Eucharistie est le sacrement du dépouillement, de la kénose ; il faut se vider
de tout orgueil, de toute vanité pour nourrir son prochain du Christ, de l’amour de Dieu, et être nourri par lui.

Toute ma vie est une action qui découle de !’Eucharistie. Comment cela se fait-il ? En tant qu’équipiers, nous avons appris qu’ il y a une communion entre le sacrement de mariage et le sacrement de l’ordre ; c’est ce que le Père Caffarel nous a enseigné. Il nous a appris qu’ il n’y a pas d’Eucharistie sans les espèces du pain et du vin, qu’il n’y a pas de Baptême sans l’eau et qu’il n’y a pas de Mariage sans l’amour entre les époux.

De même, il ne peut y avoir d’Eucharistie sans que les fidèles ne donnent leur vie. L’Eucharistie est le sacrement du don de soi du Christ pour l’humanité et, dans le rituel de la Sainte Messe, nous donnons le vin et le pain. Et Dieu, dans son amour, nous donne le Corps et le Sang du Christ par l’action de !’ Esprit Saint ! C’est un grand mystère : le mystère de la foi et de l’amour !

L’Eucharistie est le sacrement de la présence réelle du Christ parmi nous. Il est présent dans les espèces du pain et du vin, qui sont transformés par la grâce sacramentelle du don de soi du Christ à l’Église en son Corps et son Sang. L’Eucharistie est l’action de grâce de Dieu qui veut se donner, nourrir l’humanité.

La Sainte Trinité agit puissamment lorsque nous recevons le Corps et le Sang de Jésus.

Le corps du Christ a toujours été présent chez moi, dans ma maison, depuis mon enfance. La vie de mes parents était pleine de vie pour nous tous ! Je viens d ‘une famille de 12 frères et soeurs ; mes parents ont travaillé jour et nuit pour nous éduquer et nous donner de la dignité.

Et vous, en tant que couple? Avez-vous déjà pensé aux sacrifices que vous avez faits et que vous avez dû faire pour donner à vos enfants amour, éducation, logement décent, santé et instruction ?

Enfant, j’aimais me déguiser en prêtre et célébrer la messe avec mes frères et soeurs et mes amis à la maison. Aujourd’hui, je pense à cela : comment les gestes des adultes ont un impact sur la formation des enfants et aussi sur leur vocation.

Je viens d’une famille catholique. Le dimanche est donc sacré et j’ai appris que le premier acte du dimanche était d ‘assister à la Sainte Messe avec mes parents. Chaque dimanche, nous assistions à la Sainte Messe comme premier acte de la journée, parce que papa disait que nous ne pouvions pas remettre à plus tard ce qui était essentiel. A ller à la messe est essentiel. Aujourd’hui, je suis prêtre, heureux et épanoui ; j’ai une soeur qui fait partie des END et toute une famille catholique. Mon père est déjà au paradis ! Maman vit nourrie par la foi et le chapelet.

Nous étions toujours présents à la Sainte Messe ; j’étais servant d’autel, j’étais acolyte et je connais la valeur de ce sacrement et sa beauté. Sa valeur et sa grandeur en tant que sacrement de la guérison, du don de soi, sacrement du don et de l’amour. Jésus se rend présent, visible dans son Corps donné et son Sang versé, un don d’amour et pour l’amour. Corps donné, sang versé ! Action de présence et d’abandon, sacrement de la charité, sacrement de l’amour.

Cher équipier : votre abnégation quotidienne pour maintenir l’unité de la famille n’est-elle pas aussi une action qui découle de !’Eucharistie ? L’Eucharistie nous apprend à aimer l’amour.

C’est le sacrement le plus profond que nous ayons, la mystérieuse présence réelle du Christ au milieu de nous ; sa présence réelle au milieu de nous nous donne la vie et nous appelle à l’amour !

L’Eucharistie est aussi la communion entre les paroles du célébrant, qui répète les paroles de Jésus, et l’abandon matériel des fidèles présents dans l’offrande du pain et du vin. Nous offrons le pain et le vin, et Dieu nous offre le Corps et le Sang de Jésus par l’Esprit Saint ! C’est un grand mystère !

C’est le sacrement de la RENCONTRE de l’action divine et de l’action des hommes. Sur l’autel, nous offrons le pain et le vin, et Dieu, dans son infinie bonté, par la grâce de l’Esprit Saint, nous offre le Corps et le Sang du Christ, un sacrifice non sanglant, c’est-à-dire sans effusion de sang, qui nous actualise dans le sacrement de la croix, le seul vrai sacrement du Christ.

J’ai donc vécu de nombreuses expériences profondes lors de retraites, dans l’adoration et dans le silence de mes méditations, en particulier lorsque je fais ma revue de vie quotidienne. Regarder nos vies à travers le prisme de L’Eucharistie nous convertit.

Jésus nous embrasse et nous nourrit ; il nourrit notre Charité. C’est pourquoi je partage avec vous un moment très spécial de ma vie que je n’oublierai jamais !

La visite des malades est une action qui fait partie de notre vie ministérielle, c’est un ACTE DE MISÉRICORDE.

J’ai été appelé à donner l’onction des malades à un patient de l’hôpital de la Ligue contre le cancer à Natal, la capitale de l’État du Rio Grande do Norte.

Le patient, un octogénaire, était en soins palliatifs, déjà en phase terminale. Il était sur son lit d’hôpital, prostré. Quand je vois un malade, je vois toujours le Corps du Christ, je vois un chrétien certainement en quête de sainteté. J’aime regarder les gens d’un oeil positif !

J’ai été appelé par son petit-fils, qui est actif dans la pastorale de ma paroisse, la paroisse Saint-Pierre. Sur le chemin de l’hôpital, le petit-fils du malade m’a dit que son père était très secoué parce que son grand-père était dans cet état.
Quand je suis arrivé à l’hôpital, j’ai vu la scène : le fils était aux côtés de son père. Nous étions là : le prêtre, le malade, le fils du malade et son petit-fils. 

Nous avons commencé le rite de l’onction des malades et soudain, M. Marcelo a ouvert les yeux et a pleuré. Son fils André s’est mis à pleurer lui aussi ; j’ai continué l’onction, j’ai donné la communion à tout le monde, et en tendant le corps du Christ à André, j’ai senti une force en moi et je lui ai demandé s’il voulait dire quelque chose à son père.

André était ému, il a pleuré et, d’une voix tremblante, il a dit : « Père, je suis désolé pour tout, pardonne-moi ! » Il a serré son père dans ses bras, a beaucoup pleuré et s’est peu à peu calmé. Nous avons prié ensemble le Notre Père et terminé l’administration du sacrement. Je suis rentré chez moi, certain d’avoir assisté à un miracle. La réconciliation d’un père et d’un fils !

L’Eucharistie est un sacrement de guérison ! Je peux vous dire que j’ai vu l’action profonde de Dieu dans la vie de cet équipier qui disait au revoir à son père ! Ayez confiance dans l’action de l’Eucharistie !

Je n’oublierai jamais cette scène ! À ce moment-là, j’ai vu l’action mystérieuse de Dieu à travers l’Eucharistie et le sacrement de l’Onction des malades. Une action puissante du Christ dans l’Eucharistie, qui se donne, qui nous nourrit et nous fortifie sur le chemin de la vie. Elle nourrit l’espérance, nourrit la fraternité, nourrit le désir de conversion, nourrit le désir de changement et nous encourage à pardonner.

Ce moment a été un profond moment de guérison et de libération ! Peut-être qu’aujourd’hui est aussi un moment de guérison et de libération pour vous en tant qu’équipier ! Cette scène a changé ma façon de voir, ma façon d’administrer le sacrement de l’onction des malades, parce que suivre le rituel, c’est lui donner vie, c’est lui donner de l’affect et laisser l’Esprit Saint nous toucher et nous guider toujours !

J’ai un ministère qui est très proche des malades, de ceux qui sont invisibles dans la société, comme la pastorale des gens qui vivent dans la rue ; je suis Missionnaire de la Sainte Famille et notre mission est d’être proche de ceux qui sont loin, Il n’est pas facile d’être proche ; nous vivons dans une société qui nous éloigne les uns des autres, nous avons des technologies qui nous rapprochent les uns des autres et nous éloignent également les uns des autres.

Une autre fois, j’ai été appelé à administrer l’onction des malades à un patient. Il s’agissait d’un médecin, accompagné de son épouse. Le Dr Augusto lies noms ici sont tous des pseudonymes, pour préserver la confidentialité des malades) était traité pour un cancer du pancréas, un cancer agressif. Je suis arrivé, je me suis présenté et, à ce moment-là, j’ai ressenti un profond désir de leur demander s’ils s’étaient mariés à l’église. Ils ont répondu par l’affirmative, ils étaient mariés depuis 35 ans. Nous avons commencé l’onction, puis je leur ai donné l’eucharistie ; après la communion, je leur ai demandé s’ils voulaient renouveler le sacrement du mariage. Il a souri, elle a pleuré, et ils ont fait signe qu’ils le voulaient. J’ai commencé le renouvellement du sacrement de mariage sous l’action de l’Eucharistie reçue à ce moment-là. Un couple qui renouvelle le
sacrement de mariage sur un lit d’hôpital, ça prend une autre dimension ! (« Je … dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie … »). Il semble que c’est dans la faiblesse humaine que Dieu déploie sa force et sa vigueur.

Ouvrez vos coeurs et vivez ce Rassemblement international avec intensité ! Puissions-nous retourner dans nos équipes de base pleins de l’amour de Dieu. Après le renouvellement du sacrement, le Dr Augusto m’a demandé de pouvoir se confesser.

L’Eucharistie nous appelle à la conversion et c’est dans la confession que nous nourrissons notre désir le plus profond de sainteté et de droiture de vie.

L’Eucharistie nous fait marcher avec trois attitudes fondamentales pour notre vie dans la grâce: l’assiduité et l’ouverture à la volonté et à l’amour de Dieu ; la recherche de la vérité ; et la croissance dans la rencontre et la communion avec nos frères et soeurs.

Que l’Eucharistie nous conduise à vivre en communion avec nos frères et soeurs ! Qu’elle nous pousse à être un signe de partage dans le monde avec les plus démunis et les plus vulnérables.

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde affecté par de nombreuses crises, nous vivons dans une société fragmentée et nous traversons, comme le dit le pape François, la troisième guerre mondiale en morceaux.

Que la Vierge Marie, mère et maîtresse dans la foi, nous éduque à la communion et à la fraternité sociale vivante.

Je vous remercie de tout coeur !

Faites grandir les couples dans la foi