Homélie Mgr Nicodème Barrigah
« Si vous ne croyez pas, vous ne pourrez pas tenir. » C’est par ces mots que le prophète Isaïe conclut le message que le Seigneur l’avait chargé d’annoncer au roi Achaz. Le contexte, il faut le rappeler, était particulièrement préoccupant. Devant le double assaut lancé par le roi d’Aram et celui d’Israël, tout semblait perdu d’avance. Profondément secoué et agité, le coeur du Roi Achaz avait déjà capitulé face aux ennemis. En se comparant aux deux grands royaumes qui voulaient en faire une bouchée, Juda avait douloureusement conscience de ne pas faire le poids. Mais ce n’était qu’en apparence car, c’était sans compter avec l’intervention de Dieu. Voilà pourquoi, Isaïe déclare avec une pointe d’humour, en s’adressant au roi Achaz : « Garde ton calme, ne crains pas, ne vas pas perdre coeur devant ces deux bouts de tisons fumants, à cause de la colère brûlante du roi d’Aram et du roi d’Israël ». Et il rappelle que la première arme du peuple de Juda c’est sa foi inébranlable en l’amour de Dieu. Saint Jean dira plus tard dans sa Première Lettre 5,4 : « la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. » En d’autres termes : c’est par notre foi que nous sommes vainqueurs.
Aujourd’hui, en regardant les grandes menaces qui pèsent sur le monde, en particulier sur la famille, nous éprouvons un véritable désarroi. En effet, tout semble être mis en oeuvre pour détruire la famille et nous en sommes inquiets, à juste raison. Laissons donc résonner en nous la promesse du prophète Isaïe au roi Achaz. Dieu est là au coeur de notre histoire et de nos luttes. Il ne laissera pas s’écrouler son peuple, à condition que celui-ci demeure confiant et ne perde pas l’espérance. Non ! Ce n’est pas en cherchant des compromis avec le monde que nous sauverons la famille mais en faisant confiance au Seigneur, en coutant sa parole et en restant fidèles à sa volonté. Nous voici donc renvoyés, chacun à sa propre relation avec le Seigneur pour mesurer la solidité de sa foi. Si nous ne croyons pas, nous ne pourrons pas tenir. L’exhortation est formelle : si nous voulons compter uniquement sur les moyens humains, nous ne ferons pas le poids devant l’adversaire. C’est grâce à cette foi que nous pouvons nous exclamer avec le psaume 47 : « Voici que des rois s’étaient ligués, ils avançaient tous ensemble ; ils ont vu, et soudain stupéfaits, pris de panique, ils ont fui ».
Mais comment pouvons-nous parvenir à cette foi inébranlable ? Le passage d’Evangile que nous venons d’écouter peut nous aider à répondre à cette question fondamentale. Jésus se plaint des habitants de Capharnaüm, Chorazine, Bethsaïde qui, malgré les miracles accomplis au milieu d’eux et les prédications qu’ils ont entendues, n’ont pas accueilli son message de salut, simplement parce qu’ils n’ont pas vu en lui le Messie, le Fils de Dieu.
Il existe deux manières de connaître le Christ : selon la chair et selon l’Esprit (cf. 2 Corinthiens 5,16). Nous connaissons le Christ selon la chair lorsque nous posons sur lui un regard trop humain. Par contre, nous le connaissons selon l’Esprit lorsque nous dépassons les apparences pour aller à sa véritable identité de Fils de Dieu. Ces deux manières de connaître s’appliquent également à l’Eglise, au Successeur de Pierre, le Pape, ainsi qu’au Collège des évêques. Il nous arrive parfois de trop nous attarder sur des aspects humains de leur personne et de leur ministère. Le Seigneur nous invite, aujourd’hui, à aller au-delà des apparences pour voir en eux ses messagers, des pasteurs qu’il nous donne.
Seigneur, renforce notre foi, notre confiance en toi. Que nous te reconnaissions encore à l’œuvre aujourd’hui, à travers l’Eglise qui fait face à de grandes menaces. Que par notre foi, nous soyons vainqueurs du monde avec toi !
Amen.