Avouons être d’impénitents bavards ! Lorsque notre envie compulsive de pérorer ne peut se déployer, c’est sur notre téléphone que nous cherchons de quoi combler le manque. Comme si un flot ininterrompu de paroles était une ligne de vie sans laquelle nous risquerions la noyade…
La troisième station de notre parcours d’année nous amène à méditer sur la liturgie de la Parole à la messe et le fruit que nous en tirons pour notre couple. Les paroles doivent être enveloppées de silence afin d’être audibles et intelligibles.
Sans pause, le brouhaha les rend incompréhensibles. De même, sans silence, Dieu ne peut parler à l’âme. L’éphémère vibration des sons ne se transforme en paroles que si celles-ci sont enchâssées dans le silence. La nature elle-même et le ciel, dans leur silence à peine troublé par le bruit du vent, laissent leur créateur divin transparaître dans son infinie présence.
Mais cela nécessite que nous y prêtions une oreille contemplative, c’est-à-dire avec une âme qui s’émerveille, retient son souffle et accueille. Sans silence, point de parole ; sans parole, point de présence ; sans présence, point d’accueil ; sans accueil, point de don.
Cette disposition vaut tout autant pour la fécondité de nos messes.
Pour le père Caffarel, la parole de Dieu est une réalité prodigieuse car elle est l’instrument par lequel Dieu déploie sa puissance avec une efficacité infaillible : si par sa Parole, Dieu a créé l’univers, son but est de s’y former un peuple : « Créatrice de l’univers, sa Parole sera créatrice de ce peuple ». Et c’est à la messe que notre couple, notre famille et la communauté chrétienne sont recréés. L’efficacité de la messe est donc proportionnelle à notre qualité d’écoute.
Bien sûr, dans l’Évangile, la parole du Christ constitue un enseignement, un commandement, une déclaration d’amour, mais elle est aussi acte et opération. Les récits de l’apaisement de la tempête, des guérisons miraculeuses, des pardons des péchés… s’opèrent dans un coeur heureusement disposé par une foi nourrie de silence : la parole de Dieu y réalise alors une guérison et un engendrement d’enfant de Dieu.
Une équipière qui s’inquiétait de son ouverture à Dieu réalisait cela : « Mais alors, c’est tout simple, je suis entraînée à cette « gymnastique-là » par notre vie conjugale. Quand je veux contribuer à faire de nos soirées passées ensemble des heures d’intimité vraie, je fais taire en moi tout ce qui bourdonne de préoccupations domestiques, de soucis d’enfants, de travaux à faire ». La réciproque est aussi vraie : la qualité d’écoute de la parole de Dieu à la messe creuse en chacun cette écoute active qui le rend accueillant à la parole de son conjoint, de ses enfants…
Une équipière qui s’inquiétait de son ouverture à Dieu réalisait cela : « Mais alors, c’est tout simple, je suis entraînée à cette « gymnastique-là » par notre vie conjugale. Quand je veux contribuer à faire de nos soirées passées ensemble des heures d’intimité vraie, je fais taire en moi tout ce qui bourdonne de préoccupations domestiques, de soucis d’enfants, de travaux à faire ». La réciproque est aussi vraie : la qualité d’écoute de la parole de Dieu à la messe creuse en chacun cette écoute active qui le rend accueillant à la parole de son conjoint, de ses enfants…
Et on ne transmet que ce que l’on a vraiment reçu : par vocation, destinés à être porteurs de la Parole, nous ne pouvons laisser le Christ parler par nous que si notre coeur s’en est empli. « Posséder la parole de Dieu, c’est lui avoir ouvert son intelligence, son coeur jusqu’au dernier retranchement de notre liberté.
C’est être possédé par elle. C’est être dévoré par elle. Alors on devient soi même parole de Dieu ». (Henri Caffarel, 1968).
En méditant les textes de la liturgie, en en nourrissant notre prière, en l’enrichissant de notre lecture assidue et surtout en nous disposant par le silence de l’oraison, rallumons la flamme de la parole de Dieu. Elle est un feu crépitant dans le silence du coeur qui l’accueille.
Père Dominique Raphaël Kling, o.p.
Conseiller spirituel de l’Équipe Responsable
France-Luxembourg-Suisse
Équipes Bordeaux 83 et Bordeaux 103