L’oraison par Elisabeth Saléon-Teras

Grande ioie d ‘être là avec vous ce matin. Ayant eu la grâce de vivre 18 ans aux côtés du père Caffarel c’est toujours une joie d’essayer de transmettre un peu ce que j’ai reçu, notamment sur l’oraison.

Cette rencontre va se dérouler en 3 temps :
• Un entretien : Qu’est-ce que l’oraison ?
• Des conseils pratiques pour entrer dans l’oraison
• Suivi d’un temps de prière silencieuse

Immense défi de vivre tout cela en 45 minutes. Aussi ie ne saurai trop conseiller à ceux qui veulent découvrir ou approfondir ce chemin de l’oraison de prendre contact avec les écoles d ‘oraison END dont les coordonnées s’affichent à l’écran.

Si vous le voulez bien, pour commencer, recueil lons-nous quelques instants : Le Christ nous dit : « Quand deux ou trois, vous êtes réunis en mon nom, je suis là au miheu de vous. »

Le Christ ressuscité est là réellement présent, aimant et agissant au milieu de nous. Ouvrons-nous à sa présence en invoquant l’Esprit Saint :

VÎens Esprit Saint,
Allume ta clarté en mon âme
Emplis d’amour nos coeurs
Et fortihe nos faibles corps de ta vigueur éternelle

Introduction : 

Le père Caffarel, à la fin de sa vie, sentant confusément que l’on s’acheminait vers des temps troublés, où le mariage, la famille allaient être particulièrement mis à mal, invitait avec force à prier.

« Oue la prière vienne à déserter notre monde, alors la personne humaine et notre civilisation ne farderont pas à s’effondrer… Si tant de couples sont en crise, ne serait-ce pas qu ils prétendent s ‘aimer sans avoir à se brancher sur la source de l’amour ? Ils oublient qu’une vénfable entente conjugale est impossible en dehors de l’entente de chaque conjoint avec Dieu.

Aussi, continue le père Caffarel, J’ai la conviction qu’il n’est pas de plus grand service à rendre aux gens mariés que de les inviter et de les aider à l’oraison. »

Il explique pourquoi :
« Parce que cela a été capital dans ma vie, cela ma donné la joie de vivre, la grâce de vivre, l’élan de vivre. Aussi bien, je ne peux pas ne pas souhaiter pour les autres cette rencontre avec le Christ vivant, cette découverte que Dieu est amour. » (1973)

Voilà qui nous stimule pour vivre chaque jour l’oraison mais Qu’est-ce que l’oraison ? Ce n’est pas d’abord dire des prières, chanter, parler …

C’est à la fois tout simple et un très grand mystère ! C’est avant tout, nous dit-il, une relation d’amitié, une rencontre d’amour avec quelqu’un, le Christ ressuscité qui veut m’attacher à Lui et me conduire en Lui et avec Lui au Père dans l’élan d’Amour qu’est L’Esprit Saint.

Mais pour le rencontrer encore faut-il que je le connaisse vraiment.

1 – Connaître le Christ
En effet nous en faisons tous l’expérience, on n’aime pas quelqu’un qu’on ne connaît pas. Au contraire, entre deux amis, deux époux, plus on se connaît, plus l’amour grandit.

C’est le témoignage de ce grand-père fêtant ses 60 ans de mariage entouré de ses 28 enfants et petits-enfants. Guillemette 24 ans, lui demande « Bon-Papa, après tant d’années de mariage, qu’est-ce que vous pouvez encore dire de nouveau sur bonne-maman ? » Et lui de répondre spontanément en la regardant avec beaucoup de tendresse « plus je la connais, plus je l’aime ! » Il en va de même avec ma relation avec le Christ ! Plus je le connais, plus je l’aime !

Demandons la grâce les uns pour les autres, comme le dit le père Caffarel, « d’avoir pour le Christ ce même intérêt passionné que les amoureux se portent l’un à l’autre … », devenir des véritables chercheurs de Dieu pour devenir des vrais amoureux de Dieu !

Mais comment ? :
A l’oraison. empoigner mon évangile et ne plus le lâcher.

3 conseils du père Caffarel :
1. Ouand j’ouvre l »évangile, partir à la recherche de quelqu’un !
+ Quelqu’un de vivant ! Le Christ Ressuscité
+ Oui veut me parler à moi aujourd »hui personnellement. C’est ce qu’affirme saint Paul aux 1 Thessaloniciens 2, 16

2. Lire et relire l’Évangile comme la fiancée lit et relit le message d’amour de son fiancé.

Au-delà de ce qui est écrit, elle essaye de rejoindre les sentiments, les pensées, le mystère même de son fiancé.

De même, je vais lire et reli re l’Évangile avec cette même attention du coeur. À force de regarder les faits les et gestes, les réactions du Christ, je vais de plus en plus découvrir les insondables richesses de son amour et confesser comme Saint Jean « Dieu est Amour », Dieu n’est qu’Amour !

Quand je vois Jésus, par exemple, pleurer son ami Lazare qui vient de mourir, il ne fait pas semblant de pleurer ! St Jean nous dit: « Il frémit inférieurement, il se troubla, Jésus pleura » Jn 1 1,33-34.

Devant la souffrance de ses amis, le scandale de la mort, Jésus est touché au plus intime de ses entrailles ! C’est un amour extrêmement humain, chaleureux, compatissant qu’il manifeste !

Et c’est de ce même amour qu’il m’aime à l’heure de la prière. Et si je m’y ouvre, cet amour ne reste pas extérieur ou lointain à moi-même.

C’est l’amour même du Père et du Fils qui est comme distillé goutte à goutte au plus intime de mon coeur par sa parole puissante … « Je suis venu pour qui/s aient la vie et quils l’aient en abondance. » Jn 10, 10

Voilà l’échange grand et mystérieux qui s’établit à l’heure de l’oraison : C’est un peu comme deux vieux époux qui à force de se connaître et de s’aimer profondément, finissent même par se ressembler. Ouel Mystère! ‘Si tu savais le don de Dieu ‘ nous dit le Christ comme à la samaritaine ! Alors tu courrais pour venir me rencontrer et Moi, je te ferai partager ma vie avec le Père …

3. Devant un tel mystère, on pressent que l’intelligence et le coeur ne suffisent pas, et c’est le 3′ conseil, il nous faut demander !’Esprit Saint, le Père des pauvres! Et qui de nous ne se sent pas pauvre au moment de la prière ?

Avec ces 3 conseils, je deviendrai peu à peu un humble chercheur de Dieu, persévérant et passionné.

Je prendrai de plus en plus conscience, à force de lire et relire l’Évangile, que le Christ m’aime de cet amour profondément humain et divin.

Et j’en arrive à la 2′ partie de l’entretien

Il – Le Christ m’aime
Trois aspects de son Amour vont s’approfondir au fil du temps, grâce à l’Évangile

1 ‘) Le Christ m’aime  moi personnellement Et non pas en gros parce que je fais partie de cet échantillon d’humanité qu’il aime. Non, le Christ m’aime moi Élisabeth, l’être unique que je suis. Et chacun de nous pouvons mettre notre prénom.

Rappelons-nous la parabole de la brebis perdue. Jésus nous montre ce berger qui, laissant tout son troupeau, part à la recherche de sa petite brebis à lui, celle qu’il a perdue. Et il la cherche jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée.

Et voici le comble: quand il l’a retrouvée, il ne lui donne pas un coup de pied dans les jarrets. Non, il se penche vers elle, la soulève avec tendresse, la met sur ses épaules et revient tout joyeux chez Lui.

À l’heure de l’oraison, laissons-nous prendre et mettre sur les épaules du Christ qui nous ramène chez Lui, à la maison du Père. Et croyons, comme le dit un poète français « que la brebis fient chaud à son pasteur. »

2′) Le Christ m’aime tel que je suis.
Vous le savez bien, aimer quelqu’un en vérité, c’est l’aimer tel qu’il est et non pas tel que je le rêve!

Écoutons le témoignage poignant de ce couple.
« Mariée depuis 5 ans, mère de 2 enfants, je lui étais infidèle. Je l’aimais pourtant. Ne voulant pas saccager son bonheur, je veillais à ce qu’il ne put rien soupçonner.

Au cours d ‘une veillée, il m’exprima, en fermes qui m’atteignirent au coeur, sa tendresse, son estime, son admiration. C’en était trop et je laissai échapper: Si tu savais – ‘Je sais; me répondit-il. Ces mots me firent exploser : Alors pourquoi me jouer cette affreuse comédie ? … J’étais agressive, railleuse, blessante.

Il attendit que l’orage se fut apaisé. Puis calmement tendrement, il ajouta: Comprends! Depuis six mois, /al cruellement souffert. Mais ma souffrance à moi était supportable car elle ne m’abîmait pas, tandis que foi, ton mal, t’abÎmait chose intolérable à mon amour. Je vis clairement ce /avais à faire, cela seul que je pouvais faire: t’aimer plus encore qu’auparavant pour que tu ressuscites à l’amour. ‘ Et de fait l’amour de Serge, sur le champ même, lit de moi cet être nouveau.»

Et le père Caffarel de commenter :
« Puis-je espérer que le rappel de ce lointain souvenir vous aidera à comprendre ce que Dieu attend de vous ?. .. Comprenez, au /Jeu de le fuir, allez donc à l’oraison, exposer à son regard votre âme de pécheur. Vous découvrirez que pour Dieu, pardonner, c’est aimer, aimer d’un amour tel que surgisse dans l’obscurité et !impureté de l’âme un amour tout neuf… » Oui, le Seigneur m’aime tel que je suis et il est avec moi contre mon péché … !

3′) Le Christ me regarde avec amour actuellement.
Je fais appel à votre expérience : un échange de regard d’amour, souvent silencieux, où chacun se sent existé, reconnu, aimé tel qu’il est.

C’est l’expérience de cet homme qui déclare à sa fiancée : « Sous ton regard, ie me rappelle le dégel de tout mon être. »

A combien plus forte raison sous le regard du Christ !
« Il le regarda et il l’aima » (Marc 10,21)

Face à un tel regard, je vais réagir et répondre à cet Amour du Christ. Et c’est la 3′ partie de l’entretien.

Ill – Réagir à L’Amour du Christ
Il y a bien des façons de le faire. En voici 3 essentielles qui mettent en jeu la Foi, la Charité et l’Espérance.

  1. Par la loi, ie m’ouvre et ie m’offre à l’Amour du Christ Un peu comme un livre ouvert sur lequel il peut graver son image et sa ressemblance … A l’oraison, « Je suis une toile, Il est l’artiste. » nous confie Saint Jean de la Croix. Et Jésus dit à Sainte Catherine de Sienne : « fais-toi capacité (Fais-toi capacité par la foi) et ie me ferai torrent. » Croire et m’ouvrir à cet Amour tout puissant et créateur, ce qui ne veut pas dire obligatoirement sentir cet amour
  2. Réaction d’amour. celle de St Paul sur le chemin de Damas : « Seigneur, que veux-tu que ie fasse ? » C’est ce que vit de façon toute simple et bien concrète cette femme mariée. « L ‘amour de Dieu qui me remplit, ie veux évidement le donner aux autres, avant fout à mes proches, mon mari, ma famille, à mes amis, aux habitants de notre village. La seule façon de le faire en dehors de laP, c’est d’essayer … de leur rendre service sans qu’ils s’en trouvent gênés, de les accepter tels qu ils sont, d’être gaie et heureuse ; en un mot d’essayer de les aimer comme Jésus m aime. Ce n’est pas d’ailleurs pas fou/ours facile. »
  3. Enfin dernière réaction, celle de l’Espérance.
    « Mon âme a soif de to,: Ouand te verrai-je face à face? » (Ps 42, 3) Quand on aime, on désire ne faire plus qu’un avec l’être aimé. Il en va de même avec le Seigneur jusqu’au jour du face à face. Je conclus cet entretien sur cette conviction profonde du père Caffarel : Seigneur, donne-moi la grâce de me déterminer à vivre chaque jour ce coeur à coeur avec toi. C’est ce que nous allons essayer de vivre maintenant.

Puis, la lecture d’un passage d ‘évangile suivi d’un bref commentaire et nous nous engagerons dans une dizaine de minutes silencieuse. entrecoupée par quelques versets et nous achèverons par un Notre Père.

C’est la fin de la matinée, nous sommes fatigués, l’heure n’est peut-être pas très propice …

Aussi prenons le temps de nous détendre quelques instants et pour cela, étirons les jambes, les bras en évitant de boxer son voisin . ..levons les épaules et laissons-les retomber, baillons si nous en avons envie …

Si besoin est, toussons, raclons-nous la gorge, mouchons-nous afin d’avoir une grande qualité de silence qui va nous aider à une rencontre en profondeur avec le seigneur. Nous sommes nombreux, si chacun de nous se racle la gorge une fois, j’ai fait le calcul, nous serons dérangés tous les quarts de seconde … Cest un immense défi qui nous est lancé mais on va le gagner …

Commençons par tracer lentement le signe de la croix, geste de foi et d ‘amour de foi en la présence de la Trinité qui nous habite depuis notre baptême : « Au nom du père, el du fils el du Saint Esprit. »

Dieu d’immense majesté et d ‘infini tendresse, nous t’adorons Nous voici, me voici devant toi, avec tous ceux j’aime, tous ceux qui se sont confiés à moi, avec toute l’Église, le monde entier. Seigneur, « Sans to,; je ne peux rien faire. »

« Viens Esprit de sainteté,

Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé. Viens Père des Pauvres, viens nous embraser »

Prenons le temps d’adopter une attitude à la fois détendue et stable.

Pour être bien assis, les pieds sont bien en contact avec le sol Le dos et la tête se redressent Les épaules se relâchent (pour cela, je peux les monter en inspirant et les faire descendre en expirant)

Pour ne pas être distrait, je peux fermer les yeux.

Je respire paisiblement, calmement,

J’accueille les bruits extérieurs.

Il n’y a plus qu’à être là, présent à Dieu présent.

Ô toi qui est chez toi dans le fond de mon coeur,
Je crois que tu es là présent et que tu me regardes avec amour
Tout au fond de mon coeur

Ô toi qui est chez toi dans le fond de mon coeur,
Je voudrais être là tout à toi, je veux ce que tu veux
Tout au fond de mon coeur.

De l’évangile selon Saint Marc (Mc l 0 ,46)
« Comme Jésus sortait de Jéricho, avec ses disciples el une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un mendiant aveugle, était assis au bord du chemin. Quand il apprit que c’était Jésus le Nazaréen, il se mil à crier : Fils de David, Jésus, aie pitié de moi. Et beaucoup le rabrouaient pour lui imposer silence, mais lui criait de plus belle : Fils de David, aie pitié de moi. Jésus s’arrêta et dit : ‘Appelez-le. ‘On appelle l’aveugle en lui disant : Confiance! Lève-toi, Il t’appelle. Et lui rejetant son manteau, bondit el vint à Jésus. Alors Jésus lui dit: ‘Que veux-lu que je fasse pour foi ? L ‘aveugle lui répondit : Rabbouni, que je voie ! » Jésus lui dit: ‘Va, ta loi t’a sauvé. ‘ Et aussitôt, il recouvra la vue el il cheminait à sa suite. »

Regardons la scène : Un mendiant aveugle assis au bord du chemin. Un bruit de foule, il se renseigne. Il apprend que c’est Jésus qui passe par là, un espoir fou en son coeur et il met à crier : Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! La prière est un cri.

On le rabroue, rien n’y fait. Au contraire. Alors Jésus, touché au plus profond de ses entrailles, par son cri persistant, s’arrête, et dit : ‘Appelez le.’ Confiance, lève-toi, Il t’appelle. ‘

Et Lui, rejetant tout ce qui l’entrave, lui, l’aveugle, bondit et va vers Jésus ! Et c’est cet échange de regard : Regard aveugle de Bartimée, plein de foi et de confiance folle vers Jésus dont il espère tout. Regard de Jésus plein d’amour et de tendresse vers Bartimée Alors, Jésus lui pose cette question comme à chacun de nous ce matin : « Que veux-tu que je fasse pour foi ? »

A chacun de nous d’y répondre personnellement. « Que veux-lu que je fasse pour toi? »

 

Faites grandir les couples dans la foi