Mars 1923 : la vocation de l’amour
Lorsque le Seigneur appelle, il sait se faire comprendre par son serviteur qui va aussitôt obéir. Moïse va délivrer Israël, Paul prêcher aux nations. De même, on est ébloui par la vocation du père Caffarel qui est la source de toute sa vie. Il a traversé tous les événements du XXème siècle. Il a suivi un chemin particulier : il a reçu la vocation de l’amour.
« À vingt ans, Jésus Christ en un instant est devenu Quelqu’un pour moi. Oh ! rien de spectaculaire. En ce lointain jour de mars, j’ai su que j’étais aimé, et que j’aimais, et que désormais entre lui et moi ce serait pour la vie. Tout était joué « .
C’est une rencontre d’amour. C’est définitif pour Dieu, pour lui. « Aussitôt a surgi la pensée de cette route sacerdotale pour le suivre, pour le trouver ». Il sera prêtre. Un journaliste dira au père Caffarel qui lui confiait ce souvenir fondateur : « Vous êtes né à vingt ans ! » Comme tant de jeunes gens qui s’aiment et veulent se donner tout entier l’un à l’autre pour toujours : ils vivent une nouvelle naissance. Pour lui, en effet, tout commence en ce jour et tout découlera de ce jour.
Second récit de sa vocation : le Seigneur lui confie une responsabilité : aider tous ceux qu’il mettra sur sa route.
C’est parce que, au mois de mars 1923, il y a exactement 50 ans, un jour j’ai pris conscience de l’existence du Christ, de la vie du Christ, de l’amour du Christ, de la relation d’amour entre le Christ et l’homme en quoi consiste la vie chrétienne, cela a été pour moi la ligne de partage des eaux. Il y a pour moi avant ce mois de mars 1923, il y a après ce mois de mars 1923. Cela m’a marqué et, depuis ce jour, je n’ai qu’un désir : moi-même entrer plus avant dans cette intimité avec le Christ, et cet autre désir d’amener les autres à cela, parce que cela a été capital dans ma vie, cela m’a donné la joie de vivre, la grâce de vivre, l’élan de vivre. Aussi bien je ne peux pas ne pas souhaiter pour les autres cette rencontre avec le Christ vivant, cette découverte que Dieu est amour.
« J’ai su que j’étais aimé et que j’aimais «
L’immense désir de permettre aux autres de faire, comme lui, l’expérience de Dieu, de l’amour de Dieu, anima toute sa vie. Le Seigneur est venu à lui et il a répondu. Au cours de sa vie, on vient à lui pour recevoir son aide et il répond.
OEuvre immense ! Les Équipes Notre-Dame pour les couples, la Fraternité Notre-Dame de la Résurrection pour les veuves, les Intercesseurs qui portent les intentions de tous dans la prière, les grandes revues aussi comme L’Anneau d’Or et les Cahiers sur l’oraison, et enfin les Semaines de Prière à Troussures : plus de 25 000 personnes sont venus apprendre à faire oraison.
Portrait : De grandes oreilles un peu décollées, pas très grand, rien qui frappe. C’est son être intérieur qui force l’admiration.
Son regard est pénétrant : avec délicatesse, avec respect, il ouvre l’interlocuteur à la présence de Dieu. Sa voix, un peu perchée, ne laisse pas indifférent : elle est habitée par la Parole de Dieu : « Je dois tout à la prière », disait-il. Quand on lit ses écrits, on entre dans le mystère de Dieu. Sur cette image, il a un merveilleux sourire adressé à saint Jean XXIII. Son sourire, son bonheur, ne viennent-ils pas de Jésus qu’il ne cesse de regarder ? C’est Quelqu’un pour lui ! « J’ai su que j’étais aimé et que j’aimais ».
Père Paul-Dominique Marcovits, o.p.
Rédacteur de la cause en béatification du père Caffarel
Équipe Paris 257
(Extrait de la Lettre 250 fev/mars 2023 « Vivre autrement »)